Homélie / 33e dimanche du temps ordinaire - Année C

Dans deux semaines, nous entrerons dans une nouvelle année - non, ça sera pas 2023, pas encore, mais nous allons entamer une nouvelle année liturgique.

l’année liturgique, elle ne correspond pas à l’année civile. Me demandez pas pourquoi, c’est comme ça!

Et donc dans deux semaines, ce sera le 1er dimanche de la nouvelle année liturgique, ce sera aussi le début de cette période de 4 semaines qui nous prépare à Noël, et qu’on appelle l’Avent. Durant le temps de l’Avent, je revêtirai une chasuble violette, et pas verte comme celle d’aujourd’hui. La couleur violette, elle indique que nous sommes dans un temps de conversion, nous aurons à purifier notre cœur pour pourvoir accueillir Jésus à Noël.

Et tous les ans, à la fin de l’année liturgique, on lit à la messe des textes un petit peu difficiles, je vous l’accorde, où Jésus nous parle de choses pas très agréables à entendre: « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies; 
des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes dans le ciel.

Pas très réjouissant comme programme! Mais il ne faut pas le prendre au pied de la lettre, bien sûr. Jésus utilise un style très particulier, très imagé, pour nous faire comprendre une chose finalement assez simple:

l’amour de Dieu révèle la vérité des coeurs, il révèle le fond de notre cœur; et je vais le dire autrement: accueillir l’amour de Dieu, l’accueillir vraiment, ça fait mal! Ce sera le thème de cette homélie: l’amour de Dieu révèle le fond de notre cœur.

Alors, je comprends pas: parce que, moi je croyais qu’accueillir l’amour de Dieu, ça mettait plutôt dans la joie? Oui, ça va te mettre dans la joie, mais pas tout de suite…

Je vais essayer d’expliquer ça:

Tu commets qc de mal, par exemple, tu as volé le paquet de bonbons de ta petite soeur. Personne n’a rien remarqué, pas vu pas pris. Sauf que, t’as pas été très malin, et tu as jeté les papiers de bonbons dans la corbeille de ta chambre.

Le lendemain, ta mère, en rangeant un peu ta chambre, remarque une dizaine de papiers dans la corbeille.  Le soir, quand tu rentres de l’école, elle te demande:

— est-ce toi qui a pris le paquet de bonbons de ta soeur?

— non, c’est pas moi.

— Ah bon, tu me mens pas?

— Non, je te mens pas!

— Tu es sûr?

Et là tu hésites un peu…

— Si, bon, peut-être que c’est moi!

D’abord, tu te sais démasqué, et puis tu ressens quand même un fond de culpabilité, t’es pas très à l’aise.

Finalement, reconnaître que c’est toi, ça te libère, ça te soulage…

Eh bien, voyez, l’amour de Jésus, c’est un peu ça: il révèle le fond des coeurs. Et quand on regarde le fond de notre cœur, on découvre que notre cœur est souvent partagé. Il y a du bien mais il y a aussi du mal: de l’envie, de la jalousie, des choses pas très jolies, qu’on voudrait bien cacher mais que Jésus vient justement mettre en lumière. Parce que, finalement, qu’est-ce qui fait que le garçon finit par reconnaître sa faute? C’est parce qu’il se sait aimé de sa maman, et que mentir, c’est un peu trahir sa confiance, c’est comme faire obstacle à cet amour…

Il y a parmi nous, ce matin, des adolescents / adolescentes, jeunes gens, jeunes filles qui se préparent au baptême, parmi nous. J’ai envie de leur dire: Attention, ça va faire mal!

Quelle est la première étape du baptême? Elle était valable au temps de Jésus, mais elle est toujours valable, aujourd’hui: c’est la conversion du cœur.

Et ça, c’était le rôle de Jean-Baptiste: les gens venaient à lui en confessant leurs péchés: c’était le signe qu’il voulait se convertir, c’est-à-dire vivre pleinement selon la Loi du Seigneur.

Si tu n’as pas conscience que tu as besoin de purifier ton cœur, d’arracher de ton cœur tout ce qui peut t’entraîner au péché, alors, c’est que tu n’es pas vraiment en marche vers le baptême.

Mais normalement, si tu viens frapper à la porte de l’Église (avec un grand « E »), comme cette jeune fille qui, tout à l’heure, a frappé à la porte de l’église (avec un petit « e »), c’est que le Seigneur Jésus a déjà agi dans ton cœur, il t’a déjà donné un peu de sa lumière grâce à laquelle tu vas commencer à faire la vérité en toi, à reconnaître simplement, humblement, que tu es pécheur, et que seul le Seigneur Jésus peut te libérer de l’enfermement du péché pour t’enfanter à une vie nouvelle!

L’amour de Jésus va mettre en lumière dans ton cœur les contradictions, les divisions, les égoïsmes, les jalousies, qui, parfois, te traversent: il va les mettre en lumière; c’est ça qui va faire mal: de reconnaître ces blessures de l’âme, qui défigurent ce que tu es en vérité, dans le cœur de Dieu. Mais tu sais que cette lumière que tu vas recevoir n’est pas là pour te condamner mais pour te sauver, c’est-à-dire pour te faire grandir, et faire de toi une personne libre.

Jésus t’aime, mais ce n’est pas d’un amour « bisounours », qui te dispenserait de faire la vérité dans ton cœur. Au contraire, s’il ne conduit pas à la vérité, l’amour n’est qu’une parodie d’amour. Alors, "n’aie pas peur, pas un cheveu de ta tête ne sera perdu."

Il te prévient aussi - et c’est un peu le thème des lectures de ce jour -, que tu auras à affronter bien des obstacles:

Prenez garde de ne pas vous laisser égarer,

nous dit Jésus, et, à travers ces tremblements de terre, ces phénomènes effrayants, on peut voir là l’oeuvre de Satan qui cherche à faire obstacle à ta conversion, qui cherche à faire diversion pour t’empêcher d’aller au bout de ton baptême; donc, oui, il y aura un combat, un combat spirituel à mener, mais le Seigneur Jésus te dit:

Je suis là, avec toi, n'aie pas peur, pas un cheveu de ta tête ne sera perdu.

N’aie pas peur de faire la vérité dans ton cœur, laisse la lumière du Ressuscité y entrer, car elle seule peut t’apporter la vraie liberté, celle qui fera de toi un homme, une femme selon le cœur de Dieu.

Je terminerai par cette citation de saint Jean-Paul II:

N’acceptez rien comme vérité s’il manque l’amour. Et n’acceptez rien comme amour s’il manque de vérité. L’un sans l’autre devient un mensonge destructeur. 

Amen.